Maison des Enfants (Classe maternelle 3-6 ans)
Activités de vie Pratique
Buts directs
- apprentissage concret, « en vrai » par l’imitation des adultes
- travail sur la motricité, la dextérité, la coordination
- apprentissage de l’autonomie : soin de soi et de son environnement
- apprentissage des responsabilités : l’enfant nettoie et range son matériel après chaque utilisation pour ses camarades
- apprentissage du partage et de la patience : le matériel est, volontairement, en 1 seul exemplaire
Buts indirects
- apprentissage de la concentration
- renforcement de la mémoire de travail
- sociabilité et soin des autres
- préparation de la main et du poignet aux mouvements de l’écriture
Pour un jeune enfant, les tâches qu’un adulte considère comme tant ordinaires – laver la vaisselle, éplucher les légumes et cirer les chaussures – possèdent quelque chose de spécial. C’est excitant pour l’enfant, car cela lui permet d’imiter les adultes. L’imitation est l’un des plus forts besoins de l’enfant durant ses premières années.
Plusieurs exercices de vie pratique impliquent l’utilisation de l’eau avec laquelle la plupart des enfants aiment naturellement jouer. Transporter de l’eau dans un contenant et le verser dans une bassine aide l’enfant à perfectionner sa coordination. Lorsqu’il commence à être absorbé par une activité telle que nettoyer une table, il allonge graduellement sa durée de concentration. Il apprend également à être attentif lorsqu’il suit une séquence d’actions répétées.
Enfin, il apprend de bonnes habitudes de travail en finissant chaque tâche et en rangeant tout son matériel avant de commencer une autre activité. Bien que les activités de vie pratique puissent sembler simples et banales, elles sont en réalité une partie très importante du programme Montessori.
Chacune des tâches aide l’enfant à perfectionner sa coordination afin qu’il puisse travailler ultérieurement avec le matériel académique plus compliqué. Aucun apprentissage ne se fait sans concentration ni attention. L’enfant prépare l’apprentissage en perfectionnant des exercices qui l’aident progressivement allonger la durée pendant laquelle il peut focaliser son attention durant une activité spécifique…
Activités de vie Sensorielle
Buts directs
- distinguer les perceptions (comparaison)
- préciser les classements, ordonner
- généraliser, conceptualiser
Buts indirects
- raffinement des perceptions sensorielles
- raffinement de la perception du monde et de la réalité
- renforcement de la concentration
- renforcement de la mémoire de travail
- sociabilité
- préparation de la main et du poignet aux mouvements de l’écriture
Maria Montessori considérait que la main était l’auxiliaire de la pensée, car on appréhende son environnement avec tous ses sens. Maria Montessori a élaboré des exercices permettant au jeune enfant d’aiguiser ses sens :
- distinguer les perceptions (comparaison)
- préciser les classements, ordonner
- généraliser, conceptualiser
Le matériel est donné à partir de trois ans, quand l’enfant sait bien manipuler la Vie Pratique, car la concentration acquise est nécessaire. À travers la manipulation, la vision de la réalité devient plus précise et exacte, la perception du monde dans lequel il vit devient plus fine. L’enfant se repère de façon plus précise, il devient un explorateur conscient.
Le matériel sensoriel dans une classe Montessori aide l’enfant à devenir conscient des détails en lui offrant, en premier lieu, des sensations fortement contrastées, telles que le rouge et le bleu et des sensations graduées telles que de nombreuses nuances différentes de bleu. Le matériel lui permet de savoir ce qu’est le rouge, le bleu, de comprendre l’abstraction de la bleueté et finalement l’abstraction de la couleur elle-même. Chaque matériel sensoriel isole une qualité définie telle que la couleur, le poids, la forme, la texture, la taille, le son, l’odeur, etc. Le matériel souligne une de ces qualités particulières en limitant ou minimisant les autres différences. Ainsi, les boîtes à son ont toutes la même taille, la même forme, la même couleur et la même texture ; elles diffèrent uniquement par les sons que l’enfant entend lorsqu’il les secoue.
Le matériel sensoriel Montessori aide l’enfant à distinguer, à classer et à associer une nouvelle information à ce qu’il connaît déjà. Le Dr. Montessori pensait que ce processus était le départ d’une connaissance consciente. Elle provient de l’intelligence qui fonctionne de manière concentrée sur les impressions procurées par les sens. Grâce à cette éducation sensorielle, l’enfant doit être capable de décrire, comparer et classer des perceptions élémentaires et d’associer à des perceptions déterminées les organes des sens qui correspondent.
Les Mathématiques
Buts directs
- construction des notions de mathématiques à partir du concret
- renforcement des savoirs « absorbés » par la conscience mathématique innée chez le tout-petit
- généraliser, conceptualiser
Buts indirects
- raffinement des perceptions, de la compréhension du monde
- habilité à dénombrer, se repérer
- capacité à identifier les conventions universelles
- gain en savoir-faire
Pour Maria Montessori « tout dans l’enfant est l’effet d’une construction ». La coordination oculomotrice, l’amélioration de la dextérité manuelle, la conscience, la langue, l’autodiscipline, la volonté, la capacité d’inhiber tout mouvement pour le jeu de silence, le désir de se perfectionner et l’indépendance, tout est construction.
La joie que l’enfant trouve avec le matériel Montessori des mathématiques se construit également. Dans l’environnement préparé Montessori, l’enfant part du concret pour aller vers l’abstrait et expérimente petit à petit la joie des maths. Cette joie, elle-même, suit les étapes d’une construction. Avant cela, le jeune enfant a déjà vécu des expériences sensorielles en ce qui a trait aux nombres, aux quantités, aux chiffres ou symboles mathématiques conventionnels.
Dans le milieu où il a grandi, il a déjà absorbé l’univers mathématique. Il n’a pas conscience de son éventail de perceptions, parce-qu’absorbé inconsciemment (cf. « l’esprit absorbant). En pédagogie Montessori, l’enfant va être exposé, dès le plus jeune âge, à une gamme d’activités comme découper, verser, transporter, visser, démêler des objets miniatures, et accomplir toutes sortes de choses intéressantes qui lui permettront d’expérimenter la réussite de ses efforts. Un peu plus tard, il manipulera les « barres rouges et bleues » (les barres numériques), une agréable activité de découverte. Il prend conscience, petit à petit, qu’il est capable d’apprécier, d’identifier et de nommer les quantités de 1 à 10. C’est le début de la « joie des maths ». Plus tard encore, l’enfant effleurera de ses doigts les symboles numériques, sur des chiffres en papier d’émeri. Le voilà maintenant capable d’identifier un code universel, celui de l’expression de quantité. Avec l’aide du matériel, l’enfant fera correspondre quantités et symboles mathématiques et gagnera en savoir-faire : combiner des symboles dispersés, des quantités fixes ou arranger des quantités dispersées avec des symboles fixes ou faire correspondre des quantités à des symboles lorsque tous les éléments sont éparpillés. Ce faisant, il appréhende les notions de nombres pairs et impairs. Il explore ensuite le système décimal, qu’on appelle communément « la banque des perles». Vers 4 ans, l’enfant peut ordonner son matériel, les perles dorées, selon quatre hiérarchies (des unités aux milliers). ce qui ne manque pas de le combler de joie et de fierté. L’enfant progresse ensuite vers le processus des quatre opérations, statique et dynamique (= sans retenue et avec retenue), avec les perles dorées, et ensuite le matériel « des timbres », avec ou sans les symboles mathématiques.
Chacune des étapes vers l’abstraction (compréhension des concepts sans matériel) exige de lui un effort, mais la « récompense » de sa joie ressentie dans cet univers mathématiques est un moteur de motivation puissant. Plus son esprit est sollicité, plus l’enfant est heureux. C’est, dans ces moments-là, qu’il trouve la pleine satisfaction dans son travail et peut différencier « bonheur » et « amusement ».
Plus l’enfant manipule le matériel de mathématiques, plus il consolide lui-même les concepts et les processus mathématiques. A un moment propre à chacun, l’enfant sera prêt à faire le saut et à se servir de sa matière grise exclusivement. Ses activités mentales et intellectuelles prendront le relais de ses mains.
Il est important de noter que plus la dose d’ « aide » reçue des adultes est mince, plus l’enfant démontre qu’il est capable d’arriver à ce niveau de réalisation tout seul, et plus la joie et la fierté grandissent.
Le matériel didactique Montessori prépare le terreau fertile d’un esprit logique et mathématique dans la joie.
Le Langage
Buts indirects
- acquisition de l’écriture et de la lecture
- préparation à l’étude grammaticale et verbale
Buts directs
- acquisition du vocabulaire
- enrichissement et raffinement du vocabulaire
- correction de la prononciation
- préparation à l’écriture et à la lecture
Comment ?
- exposition à une large variété d’activités tant motrices que langagières :
- scénettes dans les activités de grâce et de courtoisie
- les présentations de comptines et d’histoire, de petites poésies
- jeux autour du langage : découvertes de sons, devinettes…
- large éventail de nomenclatures, y compris en botanique, en géographie, en zoologie, en histoire
Le langage est une compétence humaine qui débute dès la naissance. Peu de temps après, l’enfant examine d’où vient cette musique remarquée sur les lèvres d’une bouche humaine. Il cherche à tout prix à comprendre les mouvements pour pouvoir les reproduire. Les sons émis par des enfants de cultures différentes ne se distinguent pas les uns des autres avant que ces enfants n’atteignent la fin de leur première année de vie ; seulement alors des variations, commencent-elles à émerger et à se structurer selon le langage adulte de leurs cultures respectives. Ceci implique que l’on n’apprend pas aux enfants leur langue maternelle : ils la découvrent eux-mêmes parce qu’ils ont la capacité biologique de le faire. Le langage est pure création.
Maria Montessori a découvert une période critique quant au développement de la parole chez l’enfant. Pour qu’il parvienne à parler, l’enfant doit entendre, parler et vivre des expériences langagières. La période dite « sensible » se passe entre l’âge d’un an et demi et 3 ans ; cette période sensible correspond à celle du développement musculaire identifiée par la doctoresse Montessori (1- 4 ans) ; elle la nomme : « période sensible du mouvement ». L’enfant choisit, au bout de sa première année de vie, les sons dont il aura besoin pour se faire entendre dans son propre entourage. Ainsi se forme et se développe peu à peu chez l’enfant une intention de communication. Ce sont les premières manifestations de sa vie sociale : il essaie de répondre aux différentes interpellations et de s’adapter à tout, même aux variations d’intensité de la voix de ses interlocuteurs. Il apprend d’abord à reconnaître comme identique le phénomène sonore qu’il produit et celui qu’il entend produire ; il le garde en mémoire pour le reproduire.
À 3 mois, l’enfant lit sur les lèvres. À 6 mois, il dit ses premières syllabes. À 9 mois, les mots prennent un sens. À 1 an, l’enfant répète des mots consciemment et volontairement. À 15 mois, les objets ont un nom. À 18 mois, l’enfant est capable de faire des mots en langage de bébé (il a l’intention d’une phrase). À 21 mois, l’enfant fait des phrases de 2 mots. À 2 ans, l’enfant fait des phrases de plus de deux mots.
Lorsqu’il arrive à l’école, l’enfant de presque trois ans parle déjà. Il sait parler. Il s’agit maintenant pour l’adulte de lui faire acquérir du vocabulaire, de l’enrichir et d’en corriger la prononciation. C’est à travers toutes les situations que l’adulte vigilant est attentif la prononciation correcte des mots ainsi qu’à la formulation des structures de phrases.
Ainsi, allons-nous l’exposer à une variété d’activités tant motrices que langagières. Les scénettes dans les activités de grâce et de courtoisie, les présentations d’activités de toutes sortes, les comptines, les petites poésies, les rimes, les histoires inventées, les jeux dramatiques sont tous des moyens qui développent et enrichissent l’art de parler. Pour enrichir le vocabulaire on peut utiliser les devinettes, raconter des histoires en expliquant les mots nouveaux et les expressions quasi inconnues des enfants. Toutes les occasions sont bonnes pour apprendre les noms des objets de l’environnement immédiat en utilisant le mot juste au lieu du nom générique. Par exemple : un geai bleu au lieu d’un oiseau ; un chêne au lieu d’un arbre ; l’iris du pédoncule de la fleur au lieu de la simple tige… Tandis que les activités de vie pratique et le matériel sensoriel contribuent déjà à raffiner la vision, la dextérité et l’ouïe de l’enfant, ce dernier sens, l’ouïe, va devenir central, car l’approche Montessori est d’abord de s’intéresser aux sons, On joue le plus souvent aux sons. Par exemple, on demande à l’enfant de dire par quel son commence le fruit qu’il a apporté pour la collation ou par quel son commence la couleur de son chandail, de ses souliers…
Les activités de Culture
Histoire, Géographie, zoologie, botanique, biologie, Physique-Chimie, Arts Plastiques, Arts Manuels, Musique, Anglais, codage informatique (sans ordinateurs)
Buts directs
- acquisition des « lois naturelles » du monde
- repérage et connaissance du monde qui l’entoure
- développement d’une vision « globale » du monde
- préparation à l’écriture et à la lecture
Buts indirects
- éveil de l’intérêt de l’enfant, soutien de son émerveillement et de son admiration
- aiguisement de la curiosité
- renforcement de la concentration et de la motivation
- développement de la culture, de l’intelligence, de la conscience
Comment ?
Par l’exposition à une large variété d’activités : nomenclatures, classifications, manipulations (puzzles, clochettes, etc.), les présentations de comptines et d’histoire, livres à disposition
Scientifique de formation, Maria Montessori s’est intéressée aux questions de l’évolution et s’est efforcée de scruter toute sa vie les secrets de l’univers. Pour comprendre le sens des premières activités culturelles qui sont proposées aux enfants de moins de 5 ans, il est important de se rappeler ce qu’en dit Maria Montessori :
« Si l’idée de l’univers est présentée à l’enfant de manière adéquate, elle fera beaucoup plus qu’éveiller son intérêt : elle suscitera chez lui l’admiration et l’émerveillement, sentiments bien plus élevés et riches en satisfactions que le simple intérêt.
La pensée de l’enfant cessera alors de vagabonder et pourra enfin se fixer, son intelligence se mettre au travail. Ses connaissances seront organisées et systématiques ; en lui offrant une vision d’ensemble, on aidera son intelligence à se développer pleinement, car son intérêt ira à toutes les choses, car toutes les choses sont reliées entre elles et trouvent leu place dans l’univers qui, lui, est au cœur de sa pensée. »
Pour répondre à la soif exploratrice de l’enfant, on présentera les premières activités de géographie en insistant sur le fait que la terre accueille de multiples environnements qui ont façonné des cultures humaines différentes. Ensuite, les premiers éléments d’histoire naturelle permettront à l’enfant de réaliser de nouvelles classifications botaniques. Les premières présentations “scientifiques” permettront à l’enfant de saisir quelques lois naturelles comme le magnétisme ou l’optique afin d’aiguiser sa curiosité.
Les activités artistiques comme la peinture et la musique pour faire goûter à l’enfant les joies du beau et de l’harmonie viendront compléter un très beau panel d’activités et de connaissances qui donneront à l’enfant un solide bagage intellectuel et culturel.
L’ensemble des activités de la classe 3-6 ans sont préparatoires au programme de la classe 6-12 ans.
L’enfant sortant de cette classe sait : lire, écrire, compter, additionner, soustraire, multiplier et diviser (avec du matériel).
Il est « normalisé » au sens qu’en a donné le Dr Montessori : il est autonome, concentré, sait s’autocorriger et se sent responsable de lui, des autres et du matériel, sans qu’un adulte n’ait besoin d’intervenir en permanence pour lui rappeler ce qu’il doit et peut faire, ce qu’il ne doit pas et ne peut pas faire !
→ il est en train d’acquérir les bases de l’INDÉPENDANCE de ses actes et de ses pensées.